Le suicide d’Albert Camus et « Le mythe de Sisyphe » (1942)

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Albert Camus
Photo : https://www.facebook.com/AlbertCamusAuthor/

Traduction : Eliza Gagu 

Albert Camus a été un écrivain, dramaturge et philosophe français de l’existentialisme. La thèse fondamentale de la philosophie d’Albert Camus repose sur l’idée que toute l’existence est absurde et dénuée de sens.

 

Je voudrais mentionner une citation précieuse qui se trouve au début de son ouvrage :

[…] Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois dimensions, si l’esprit a neuf ou douze catégories, vient ensuite. (Camus, 1942, p.4)

Le mythe de Sisyphe raconte les aspirations et les désillusions de l’homme, une recherche sans fin de soi et de qui nous sommes vraiment.

Le mythe de Sisyphe met en lumière l’histoire d’un Grec, condamné par les dieux à pousser une pierre énorme jusqu’au sommet d’une montagne de l’Enfer. Une fois que Sisyphe réussit à atteindre le rocher, il se retourne immédiatement, et cela se répète à l’infini. Les efforts de Sisyphe s’avèrent inefficaces, ce qui est considéré comme sa punition.

L’ouvrage souligne le fait que Sisyphe ne lutte pas contre sa pierre, mais contre lui-même, et précise l’idée que, si le Retour Éternel était vrai, alors cette punition serait attribuée à nous. De même, Camus affirme que, pour lui, son cœur restera indéfini pour toujours et que les gens d’aujourd’hui n’espèrent plus la vraie connaissance.

Le philosophe Camus s’est formé sous l’influence de Kierkegaard, Dostoïevski et Husserl. Il emprunte leurs idées sur l’existence humaine, l’absurde, la foi, le péché, l’amour, la solitude, etc. Il prévoit que : « […] l’absurde dépend autant de l’homme que du monde » (Camus, 1942, p.20). Quant à Kierkegaard, Camus affirme que celui-ci ne se contente pas de découvrir l’absurde, mais qu’il le vit aussi et une idée précieuse qui a retenu mon attention est la suivante : « Le plus sûr des mutismes n’est pas de se taire, mais de parler. » (Camus, 1942, p.22) Dans ses ouvrages, Kierkegaard lutte contre tout ce qui nuit à la personnalité humaine, à la conscience, au développement spirituel, à l’humanité, étant une source d’inspiration pour le philosophe Albert Camus.

Le suicide philosophique de Camus véhicule l’idée que le sens de l’absurde n’est pas similaire à la notion d’absurde. Camus était un vagabond, il ressentait un sentiment d’aliénation qui, selon lui, était dû à l’absurdité de l’existence humaine. À son avis, l’absurde provient de la discordance fondamentale entre les aspirations humaines et l’univers. L’homme a toujours cherché des certitudes, des valeurs absolues, et un but à sa vie, mais, selon Camus, l’univers est indifférent et l’absurde devient une partie de l’existence humaine.

Par conséquent, Camus se demande : le Suicide ou la Foi dans la Divinité ?

La première question illustre la conscientisation de la défaite face à l’absurde, lorsque la deuxième, selon le philosophe, est irrationnelle, parce qu’elle comporte des contradictions, comme le fait que la Divinité aurait existé, l’univers n’aurait pas été absurde, et si on les accepte, elles conduisent simultanément à l’abandon de la raison, que l’auteur décrit comme un « suicide philosophique ».

[…] Je prends la liberté d’appeler ici suicide philosophique l’attitude existentielle. (Camus, 1942, p.16)

Camus souligne aussi que s’il y a plusieurs méthodes de se suicider, alors il y a plusieurs dieux, et pour les existentialistes, la négation est leur Dieu, qui est soutenu seulement par la négation de la raison humaine. L’être humain sans Dieu, sans des promesses et des conseils éternels, reste seul avec soi-même, le seul maître de son monde, et l’entière responsabilité pour ses actions, idées et crimes reposent uniquement sur ses épaules.

Dans les dernières pages de son livre, Camus fait de son mieux pour « imaginer Sisyphe heureux ».

Il émet donc l’hypothèse d’un Sisyphe qui finit par accepter son propre tourment, ne le voit plus comme une limitation de sa liberté, et s’avère même capable de renoncer aux faux espoirs et de chérir la vie, même si elle est comprise comme une lutte éternelle, concluant que le suicide n’est pas une réponse et n’offre aucune certitude.

Dans le mythe de Sisyphe, Camus a voulu mettre en évidence l’importance de vivre sa vie, le sentiment de sa propre existence, la conscience de la liberté et de la révolte. De même, il encourage la possession « d’une âme consciente en permanence ». Une idée précieuse à laquelle on doit réfléchir après la lecture de cet ouvrage philosophique est la suivante : la conscience s’oppose à l’absurde, mais elle ne l’efface pas, tel que c’est le cas dans le mythe qui donne le titre de l’essai.

Dans son ouvrage, le philosophe a initié la réflexion la plus radicale sur le sens de la vie et a tenté de répondre à la question : « Mais comment décider que choisir la mort plutôt que la vie est une erreur ? » De cette manière, on met en évidence le fait que la vie est absurde et dénuée de sens, mais qu’elle doit néanmoins être considérée comme un défi. Sisyphe est heureux parce qu’il a accepté la punition qui lui a été infligée et ce n’est que lorsque nous prenons conscience de l’absurdité que nous pouvons la surmonter et trouver une forme de bonheur.

Pour nous, les humains, choisir le suicide, c’est affirmer implicitement que la vie « est trop » ; c’est la manière la plus simple de nous libérer de l’absurdité de la vie, de la fin subite de l’être et de sa place dans l’univers. Il est impossible de trouver une réponse satisfaisante à la question sur le sens de la vie et toute tentative d’imposer un sens est futile.

La science, la philosophie, la société ou la religion ne trouveront jamais un sens de la vie qui soit immune au problème de l’absurde et du suicide. Pour Camus, comprendre et accepter le fait que la vie n’a aucun sens, c’est le premier pas pour être vraiment vivant. Ainsi, pour conclure, je cite : « Une seule chose est plus tragique que la souffrance : c’est la vie d’un homme heureux ». (Camus, 1942, p.86)

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