Traduction : Eliza Gagu
À travers la tumultueuse histoire de Roumanie, Mihai Viteazul (Mihai Ier ou Michel le Brave ) reste connu comme le premier unificateur du pays, le promoteur de l’unification des Principautés roumains.
Le 27 mai 1600, Mihai Viteazul se dénomme lui-même « voïvode et prince de toute la Valachie, la Transylvanie et la Moldavie ». Suivez-moi dans cette incursion dans le temps pour découvrir ce qui a conduit à la réalisation d’un fait si important pour l’histoire des Roumains.
Qui est-ce qui a été Mihai Viteazul ?
Il est bien connu que Mihai Viteazul a été le voïvode de Valachie. Il vient d’une famille très importante, étant le fils post-mortem du prince de Valachie Pătrașcu cel Bun (« le Bon) (1554-1557) et le neveu de Iane Cantacuzène, chancelier et trésorier en Moldavie et grand ban en Valachie. Cependant, son ascension au pouvoir n’a pas été si facile. Tout son être était conduit par le cri de ses ancêtres aux origines princières et ses tempes palpitaient sous son ardent désir de gouverner d’une manière utile le pays.
On savait que les Roumains avaient un rôle très important dans la région des Balkans, car ils étaient vus comme des libérateurs. Conscient de sa responsabilité, Mihai commence à l’avance à collecter de l’argent afin de pouvoir acheter plus tard le soutien des dignitaires de la Porte. Il épouse la nièce du ban de Dobromir, Stanca, et par le biais de cette alliance avantageuse il acquiert plusieurs villages et terrains qui lui apportent un certain prestige important pour son avancement.
La seconde moitié du XVIe siècle est marquée par la domination oppressive ottomane qui s’empare d’importants territoires en Valachie et Moldavie. Mihai Viteazul y voit l’opportunité de solliciter le soutien de la Porte et d’écarter du règne son rival, Alexandru cel Rău (« le Mauvais »), voïvode successeur d’Alexandru Lăpușneanu et avec la même passion sanglante de liquider trop facilement les boyards.
Il assume le paiement de quelques sommes inimaginables en échange de l’obtention du trône en Valachie. De retour au pays, il rencontre la résistance d’Alexandru cel Rău et de ses alliés. Le territoire était directement menacé par l’expansion ottomane et la situation était grave. Ainsi, Mihai Viteazul prend l’initiative et rassemble tous les boyards pour sauver les chrétiens des oppresseurs. Il accéda au trône de Valachie en 1593.
Les plus importantes batailles menées par Mihai Viteazul
On doit préciser le fait que, en vue d’assurer la réussite pendant les batailles, Mihai Viteazul adhère à la Sainte-Ligue, une alliance anti-ottomane composée du Saint-Empire romain germanique, des États du Pape, de l’Espagne et la Valachie, de la Moldavie et la Transylvanie qui l’ont rejoint plus tard. Ainsi commence la campagne anti-ottomane, connue sous le nom de « Longue Guerre ». En 1593, les tensions entre les Autrichiens et les Ottomans conduisent au déclenchement du conflit.
⚔️ Călugăreni ⚔️
En août 1595 a lieu la bataille de Călugăreni. Mihai tente en vain d’empêcher l’armée ottomane de passer au nord du Danube et il est contraint d’appliquer une autre tactique. Il attend les ennemis dans un point stratégique, près des marais de Neajlov.
La bataille n’était pas équilibrée, l’armée roumaine (de 15 000 soldats) étant largement inférieure en nombre aux troupes ottomanes. Cependant, Mihai Viteazul remporte une victoire temporaire, puis se retire en Transylvanie pour attendre le soutien des alliés.
⚔️ Șelimbăr ⚔️
Sur fond d’abdication de Sigismond Bathory, prince de Transylvanie, le cardinal Andrei Bathory, partisan de la paix avec les Ottomans, arrive au pouvoir. Voyant les tendances du nouveau souverain, Mihai décide de l’écarter du pouvoir. En 1599 a lieu la bataille de Șelimbăr, qui se solde par la victoire de Mihai et la décapitation d’Andrei Bathory. Le voïvode devient maître de la Transylvanie, régnant au nom de l’empereur allemand Rodolphe.
⚔️ Mirăslău ⚔️
La prise de pouvoir en Transylvanie a également provoqué le mécontentement de la noblesse transylvanienne qui s’est révolté contre Mihai. Le voïvode a dû faire face à la noblesse alliée au général Basta, c’est-à-dire aux 18 000 soldats au total. Bien que la force de l’armée de Mihai soit presque double, il n’a pas pu éviter les pièges tendus par l’ennemi et il a perdu la Transylvanie.
Le contexte historique de l’unification de Mihai Viteazul
La dernière étape que Mihai devait faire pour diminuer l’opposition était d’écarter le prince de Moldavie, Ieremia Movilă. Ainsi, au printemps de l’année 1600, les troupes de Mihai attaquent la Moldavie de trois côtés : Oituz, Câmpulung et Milcov. Une chose inattendue se produit : les soldats moldaves passent du côté de Mihai Viteazul, assurant ainsi sa victoire. Le voïvode atteint le sommet de sa puissance et se proclame :
Moi Mihail Voïvode, par la grâce de Dieu, prince de la Valachie, de la Transylvanie et de toute la Moldavie.
C’est pour la première fois dans l’histoire de la Roumanie quand un voïvode apparaît dans les actes officiels comme souverain des trois Principautés. Mihai Viteazul reste une personnalité spéciale dans l’histoire des Roumains, enveloppée dans l’honneur du titre de héros et de premier unificateur. Nicolae Iorga affirmait que depuis 1600 « aucun Roumain ne pouvait plus penser à l’Unification sans son immense personnalité, sans son épée ou sa hache levée vers le ciel de la justice, sans son visage de poésie pure et parfaite ».
Les conséquences de l’unification de Mihai Viteazul
Mais la réussite et la joie amenées par celle-ci ont été temporaires. Sur le plan intérieur, Mihai Viteazul avait rapproché le peuple du rêve timide qui sommeillait dans son âme : l’unification. Sur le plan extérieur, le pouvoir acquis lui avait valu de nombreux ennemis.
Il était désavantagé aussi par la situation financière qui ne lui permettait pas de garder les troupes de mercenaires nécessaires pour établir un équilibre dans la lutte. Il surgit des sabotages, les Polonais s’impliquent et ramènent Ieremia Movilă au trône de la Moldavie et ils veulent mettre Simion Movilă comme prince dans la Valachie. Mihai est contraint de partir en exil à Vienne et puis à Pragues.
Voyant que la situation du pays semble être de nouveau en sa faveur, Mihai Viteazul décide d’y rentrer. Il ne s’attendait pas à l’événement tragique qui allait lui arriver. En 1601, sous le commandement du général Basta, un détachement de 300 soldats rencontra le voïvode à Câmpia Turzii et, parce qu’il a refusé de se rendre, ils le tuent et le décapitent. C’est ainsi que le brave voïvode, qui avait accompli son objectif de donner l’espoir de l’unité nationale, trouve sa fin.
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Sources :
- La revue Historia, Mihai Viteazul. Cum a făcut unirea (Mihai Viteazul. Comment a-t-il réalisé l’unification des Principautés roumains), Année VI, nr. 21, Décembre 2017, pages 3-27
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