Traduction : Francesca Jibotean
Le 24 août 1899, à Buenos Aires, est né Jorge Luis Borges, l’un des écrivains les plus représentatifs de la littérature hispano-américaine du XXe siècle. Il a écrit des poèmes, des essais et des nouvelles qui sont devenus les classiques de la littérature mondiale de son temps.
Cela étant dit, nous allons découvrir 8 faits moins connus sur sa vie et son œuvre.
1. La passion pour la traduction
La passion pour la traduction littéraire a commencé dans son enfance. Sa mère provenait d’une famille anglaise et le père, à son tour, parlait couramment l’anglais. On peut donc conclure que cette langue était quelque chose de naturel dans sa vie depuis qu’il était un enfant. À l’âge de 7 ans il a écrit en anglais un résumé de la mythologie grecque, et à l’âge de 9 ans, il a traduit de l’anglais la célèbre nouvelle d’Oscar Wilde, Le prince heureux. Plus tard, il a écrit aussi deux poèmes en anglais : On His Blindness et Two English Poems.
2. Il n’a jamais écrit des romans
Malgré la variété d’œuvres littéraires conçues, il n’est jamais allé au-delà des essais, des nouvelles et des poèmes, puisqu’il considérait le roman comme un genre « subalterne » et « ignoble ». Selon BBC Mundo, Borges a déclaré :
J’ai l’impression que si je commençais à écrire un roman, je me rendrais compte que c’était un sottise et je ne serais pas capable d’aller jusqu’au bout avec l’écriture.
3. Il détestait le foot
Même si l’Argentine est connue comme l’un des pays les plus passionnés de football, Borges n’aimait pas ce sport, en le considérant même « méprisable ». À son avis, il s’agit d’une activité qui manque de beauté esthétique : « onze joueurs, contre onze autres, courant après un ballon, ils ne sont pas particulièrement beaux ». Il méprisait aussi le fait qu’au lieu d’apprécier le sport lui-même et le jeu, les amateurs de football ne s’intéressent qu’au résultat final, c’est-à-dire, à la victoire de l’équipe qu’ils soutiennent.
4. Il a subi un coup qui a changé sa vie
Au Nouvel An de 1939, Borges a subi un coup sérieux à la tête et a failli mourir à cause d’un empoisonnement du sang. Comme prévu, cette expérience l’a profondément marqué et son attitude envers la vie a beaucoup changé. L’accident est devenu sa source d’inspiration pour l’histoire semi-autobiographique El Sur (Le Sud), dans laquelle le personnage principal subit un coup similaire, étant hospitalisé. Il y a deux façons d’interpréter ce qui se passe dans l’histoire : soit il s’agit d’une série des événements qui se déroulent après sa convalescence et la sortie de l’hôpital, soit il ne s’agit que du fruit de l’imagination sur son lit de mort. Borges même considérait El Sur comme « probablement ma meilleure histoire ».
5. Il est devenu aveugle à 55 ans
À cause d’une maladie congénitale, héritée de son père, Borges a graduellement perdu la vue, jusqu’à devenir aveugle à l’âge de 55 ans. Il est resté complètement aveugle pendant les 30 dernières années de sa vie. Bien qu’il ait perdu ce sens, il a continué à vivre comme avant : il écrivait, il donnait des conférences et il se dévouait à ses passions : la littérature et les langues étrangères.
6. Borges a été l’inspiration pour un personnage de Le nom de la rose
Ceux qui ont déjà lu la célèbre histoire sauront que l’un des personnages est un vieux et aveugle bibliothécaire, sous le nom Jorge de Burgos. L’écrivain italien Umberto Eco a fondé ce personnage sur Jorge Luis Borges. En plus d’avoir les noms très semblables, les deux partagent aussi la cécité et le poste de directeur de bibliothèque ; à cette époque, Borges avait la haute main sur la Bibliothèque Nationale d’Argentine et avait déjà perdu la vue. Eco a affirmé que c’était la façon de rendre hommage à l’écrivain argentin, qu’il admirait depuis sa jeunesse :
De la manière des peintres de la Renaissance, qui traçaient le portrait d’eux-mêmes ou celui de ses amis, j’ai le nommé Borges, comme à beaucoup d’autres amis. C’était une façon de rendre hommage à Borges.
7. Il a épousé son secrétaire, María Kodama, quelques mois avant sa mort
Leur rencontre a été occasionnée par la participation à quelques séances d’études littéraires ; Kodama avait obtenu un diplôme en littérature et les deux partageaient l’intérêt pour les langues anglo-saxonnes. Au début, Kodama a été sa partenaire dans l’étude d’islandais, ensuite sa partenaire de voyage et sa collaboratrice à l’écriture des deux livres qu’ils ont écrits à partir de ces voyages : Brève anthologie anglo-saxonne (1978) et Atlas (1984). Les deux se sont mariés le 26 avril 1986, peu avant la mort de l’écrivain, le 14 juin de la même année.
8. Il a été le candidat au Prix Nobel de littérature pendant très longtemps…
Il a été le candidat au Prix Nobel de littérature pendant très longtemps… mais il ne l’a jamais pu obtenir. Borges a été nominé pour le prix Nobel en 1967, 1968, 1969 et 1970, mais il ne l’a jamais gagné. La raison qu’on soupçonnait pendant beaucoup d’années, et que Borges lui-même soutenait d’être la cause, c’était la politique. L’académicien suédois Arthur Lundkist a confirmé que l’Académie suédoise avait pris en compte des facteurs tels que l’anti-péronisme de l’écrivain et son rapprochement des personnalités politiques telles que Rafael Videla et Augusto Pinochet. Borges a fait l’éloge du dernier dans un discours controversé qu’il a regretté d’avoir fait quelques années plus tard.
Une autre raison possible pour laquelle il n’a jamais remporté ce prix prestigieux était le caractère même de son œuvre, que l’universitaire Anders Österling le regardait comme élitiste, en affirmant que Borges est « trop exclusive ou artificiel dans son ingénieux art miniaturisé ».
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Sources :
- https://en.wikipedia.org/wiki/The_South_(short_story)
- https://libreando.club/blog/7-curiosidades-jorge-Luis-borges
- https://culturizando.com/5-datos-no-sabias-jorge-Luis-borgesfrases/
- https://es.wikipedia.org/wiki/Maria_Kodama
- https://www.cultura.gob.ar/borges-y-el-nobel-que-no-fue-8117/