L’assassinat de Nicolas II et de sa famille, les derniers tsars de Russie

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Traduit par : Antonia Muraru

Nicolas II de Russie (Nikolaï Aleksandrovitch Romanov) a été le dernier tsar de Russie. Ses 23 ans de règne, à partir de 1894 jusqu’à son abdication le 15 mars 1917, à la fin de la révolution de Février, ont été marqués par de nombreux événements décisifs pour l’histoire de la Russie qui traversait une période de transition du tsarisme à la prise en charge du pouvoir par les bolcheviks.

 

L’accession au trône

La mort prématurée du tsar Alexandre III, le père de Nicolas II, a trouvé le jeune homme de 26 ans absolument pas prêt pour être le souverain de Russie, un rôle d’une immense importance. Le père féroce de Nicolas pensait que son fils était bien trop doux, il était de son point de vue « une sorte d’imbécile », et par conséquent, il n’a pas jugé important de préparer son enfant pour le titre de sa vie.

Ayant encore des occupations frivoles, Nicolas s’est rendu compte de son manque de préparation pour gouverner la Russie, un vaste empire en train de s’industrialiser et de se changer du point de vue social. On dirait que Nicolas n’a jamais voulu être tsar, d’autant qu’il ne savait rien de cette fonction. De plus, il ne savait même pas comment avoir une discussion avec les ministres.

Nicolas II a accédé au trône le 1 novembre 1894, mais le couronnement a eu lieu le printemps 1896. Son titre complet était :

Nicolas le Second, par la grâce de Dieu, Empereur et Autocrate de toutes les Russies, de Moscou, Kiev, Vladimir, Novgorod, Tsar de Kazan, Tsar d’Astrakhan, roi de Pologne, Tsar de Sibérie, Tsar de Chersonèsos, Tsar de Géorgie, seigneur de Pskov, et Grand-duc de Smolensk, Lituanie, Volhynie, Podolie, et Finlande, prince d’Estonie, Livonie, Courlande et Zemgale et Samogitie, Białystok, Carélie, de Tver, Yugra, Perm, Vyatka, Bulgarie de la Volga, et d’autres territoires ; seigneur et grand-duc de Nijni Novgorod, Tchernigov.

[…] souverain de Riazan, Polotsk, Rostov, Iaroslavl, Belozersk, Oudorie, Salekhard, Kondia, Vitebsk, Mstislav, et de tous les territoires du Nord ; et souverain de l’Ibérie, de Karthli, et des territoires des Kabardes et d’Arménie ; seigneur héréditaire et gouverneur des Tcherkesses et autres montagnes ; seigneur du Turkestan, seigneur de Norvège, duc de Schleswig-Holstein, Stormarn, Dithmarse, Oldenbourg.

Le mariage avec Alix de Hesse-Darmstadt

Quand son père était encore en vie, Nicolae est tombé amoureux d’Alix de Hesse-Darmstadt (ultérieurement Alexandra Feodorovna Romanova), nièce de la reine Victoria. Alexandre III ne voulait pas une telle alliance, car il souhaitait arranger un mariage entre Nicolas II et une princesse de la maison d’Orléans pour fortifier l’alliance avec la République française.

Ce n’est que sur son lit de mort qu’il a accepté le mariage de Nicolas avec Alix de Hesse-Darmstadt, craignant pour  la succession des Romanov. La fête de fiançailles a eu lieu peu avant la mort d’Alexandre III, et la cérémonie de mariage peu après l’enterrement, car Nicolas ne voulait plus attendre. Le mariage a eu lieu le même jour que l’anniversaire de sa mère, la grande-duchesse Marie Feodorovna de Russie, parce que cette occasion permettait, en quelque sorte, le relâchement de l’atmosphère de deuil.

Les plans initiaux, qui étaient très extravagants et qui supposaient une semaine de fêtes publiques et de défilés, n’ont pas eu lieu vu cette situation. Nicolas II a exprimé son souhait d’avoir une cérémonie de mariage privée, à côté des membres de sa famille, mais ses oncles s’y sont opposés et, finalement, ils ont réussi à convaincre leur neveu d’inviter aussi le corps diplomatique.

Pourtant, à cause du deuil qui ne pouvait pas être totalement ignoré, ni la fête de mariage ni la lune de miel n’ont pas eu lieu. On pourrait considérer cela comme un symbole sombre, tout comme une ombre qui poursuivait toujours les nouveaux mariés.

Le couronnement

Probablement, même le couronnement du nouveau tsar portait malheur, car on dit encore aujourd’hui qu’il a été un bain de sang. Quatre jours après le couronnement, un banquet a été organisé sur le champ de Khodynka, près de Moscou, pour donner à tout le peuple l’occasion de célébrer cet événement. Pour les participants, on a préparé des paquets avec de la nourriture – du pain, un saucisson, des bretzels, des dattes, du pain d’épice – et une tasse commémorative.

Les Russes ont supposé que ces paquets serraient des cadeaux pour eux, et ils se sont réunis sur le champ de Khodynka avant l’aube. On estime qu’environ 500 000 personnes sont venues là. Mais une rumeur s’est répandue et les 1 800 policiers ne pouvaient pas calmer les esprits des gens qui ont commencé à s’agiter. La rumeur disait qu’il n’y avait pas assez de paquets pour tout le monde et que la tasse contenait une monnaie d’or. Les gens se sont marchés dessus, 1 389 ont été tués et 1 300 ont été blessés.

Les festivités ont continué en dépit de ce qui s’est passé, le tsar et son épouse ont fait leur apparition vers 14 h, et les traces de cet événement terrible ont été effacées. C’était dix heures plus tard que le tsar et sa famille ont appris de cet incident. Un bal devait avoir lieu à l’ambassade française, mais Nicolas II a considéré que ce ne serait pas approprié de participer vu le nombre de morts et de blessés. Mais ses oncles n’étaient pas du même avis et ils l’ont convaincu d’y aller, car une absence du bal serait un geste beaucoup plus inapproprié qu’une apparente insouciance de ce qui s’est passé.

Malgré l’ampleur de la tragédie de Khodynka, le tsar n’a pas montré de la détermination pour punir les coupables, et par conséquent son image publique a pris un coup. Toutefois, même si un nombre insignifiant des fonctionnaires mineurs ont été révoqué, le gouvernement russe a offert un nombre considérable d’aides aux familles des morts. L’histoire du couronnement de Nicolas a deux facettes, comme chaque histoire, soit fictive ou non, soit d’un événement historique ou d’un simple incident de la vie quotidienne.

La fête du couronnement a été fastueuse, brillante, et sa magie est un sujet de discussion même aujourd’hui et la reine Marie de Roumanie a participé également à cette journée historique.

La maladie d’Alexeï et l’influence du mystique Raspoutine

La naissance de l’héritier de l’empire a été si longtemps attendue qu’avant avoir un fils, Nicolas II et Alexandra ont été déjà les parents des quatre filles (la grande-duchesse Olga Nikolaïevna de Russie, la grande-duchesse Tatiana Nikolaïevna de Russie, la grande-duchesse Maria Nikolaïevna de Russie et la grande-duchesse Anastasia Nikolaïevna de Russie).

Toutefois, la joie apportée par la naissance du tsarévitch Alexeï a été éclipsée par un grand problème tant pour la famille que pour la succession au trône : le successeur était souffrant d’hémophilie, une maladie qui, à l’époque, pouvait apporter une mort précoce. L’affection était héritée de son arrière-grand-mère du côté maternel, la reine Victoria. À ce moment-là, l’autocratie traversait une période d’instabilité, et, pour cette raison, la condition du tsarévitch a été gardée secrète autant que possible.

Le tsar et la tsarine ont essayé sans arrêt de trouver quelqu’un qui pouvait aider et guérir leur fils, et après tant des recherches, celui qui a été pris pour soutien était le mystique Grigori Efimovitch Raspoutine, un personnage controversé dont on dit qu’il a joué un rôle mineur, mais important, dans la chute des Romanov.

Nicolas et Alexandra, mais surtout la tsarine qui pensait que même Dieu parle à travers le moine, considéraient qu’Alexeï pouvait être guéri seulement par les prières de Raspoutine. Il semblait que ni la distance physique n’était un obstacle devant le pouvoir des prières de ce moine soi-disant fou. On dit qu’une fois, la maladie du tsarévitch, qui était à Petrograd, se manifestait très violemment, mais Raspoutine a réussi à soulager sa souffrance, même s’il se trouvait en ce moment-là en Sibérie.

 

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Le moine était si proche à la famille impériale, que le couple le nommait « notre ami ». Mais, très bientôt, il a commencé à dépasser son statut de guérisseur et il a devenu le conseiller de la tsarine. Pendant l’absence de Nicolas qui était parti au front, Raspoutine s’est impliqué dans la vie politique de l’état et il a influencé les décisions d’Alexandra Feodorovna. À cause de ces choses et des rumeurs de leur possible aventure amoureuse, les deux ont devenu les boucs émissaires pour tous les maux qui ont eu lieu en Russie.

Raspoutine a commencé à être considéré comme un homme dangereux pour l’empire, et vu cela, la noblesse a décidé de le faire disparaître. En décembre 1916, il est empoissonné avec du cyanure, fusillé, battu et jeté dans les eaux de la Neva. Toutefois, sa mort reste encore aujourd’hui enveloppée de nombreuses légendes.

 

La Première Guerre mondiale

Le début de la conflagration a mis Nicolas II dans une impasse concernant la décision qu’il devait prendre, car le tsar ne voulait ni abandonner ses alliés serbes face à l’Autriche-Hongrie, ni provoquer un conflit à grande échelle. Le 13 juillet 1914, Nicolas est obligé d’ordonner la mobilisation générale.

La Russie n’était pas prête pour cette guerre, et à cause de cela, le pays a perdu plusieurs batailles. De plus, le tsar lui-même n’était pas préparé du point de vue militaire, mais, en dépit de cela, il considérait que c’était son obligation morale de conduire l’armée comme commandant suprême après la démission de son oncle, le grand-duc Nicolas, de cette fonction en 1925. Dans ce contexte, les attributions politiques du tsar ont été transférées à la tsarine, mais le peuple ne lui faisait pas confiance, vu ses origines allemandes et sa relation totalement étrange avec Raspoutine.

La révolution et l’abdication

Notre héritage, nous le léguons à notre frère, le grand-duc Michel Alexandrovitch et lui donnons notre bénédiction pour son accession au trône.

Les trois siècles de règne des Romanov ont pris fin le jour où, à cause de la révolution de Février, Nicolas II a été obligé à abdiquer le 15 mars 1917 en son nom propre et celui de son fils à faveur de son frère, le grand-duc Michael Alexandrovitch de Russie. Cette décision a été prise à cause de l’incapacité de l’armée de garder les succès militaires obtenus en 1916 et de la dégradation des conditions de vie de la population.

L’exécution des Romanov

La nuit du 16 au 17 juillet 1918, le tsar, la tsarine, leurs cinq enfants et ceux qui les ont accompagnés à la maison Ipatiev ont été fusillés, poignardés avec des baïonnettes et battus  sur l’ordre de Lénine. Au milieu de la nuit du 17 juillet 1918, le docteur de la famille impériale, Ievgueni Botkine, a reçu l’ordre de réveiller les membres de la famille sous le prétexte du déménagement urgent de la villa Ipatiev.

Ceux-ci ont été emmenés dans une chambre située au sous-sol de la maison, et on leur a dit qu’ils devaient y attendre une voiture pour les transporter au nouvel abri. Quelques moments après, le pluton d’exécution a fait son entrée, et le commandant Iourovski a lit à haute voix l’ordre d’exécution rédigé par le comité exécutif :

Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller. 

À cause de l’immense confusion qui s’est déclenchée, le commandant a répété l’ordre. Une garde qui y était à ce moment-là se souvint que la tsarine et la grande-duchesse Olga ont essayé d’esquisser un signe de croix, mais sans y réussir. Trois soldats ont tiré des balles sur Nicolas II, Piotr Ermakov a tiré des balles dans la tête d’Alexandra, puis dans la hanche de Maria, et après il y a eu une série de coups de feu chaotiques.

Le tsarévitch Alexeï est le premier enfant qui a été tué, tiré dans la tête. À cause du fait que les filles ont eu des bijoux cousus dans leurs vêtements, car elles ont été toujours prêtes à sauver le trésor de la famille, leur exécution a duré plus longtemps – elles avaient plus de 1,3 kilo de diamants sur elles. Tatiana, Anastasia et Maria ont été les derniers membres de la famille qui sont morts. Olga a reçu elle aussi une balle dans la tête et Tatiana une balle à l’arrière de la tête.

Tout cela a duré 20 minutes. Pour être sûr que l’exécution a vraiment atteint son but, Ermakov a poignardé avec une baïonnette tous les corps. Ensuite, le commandant a demandé que tous les objets de la famille fussent rassemblés et il a supervisé personnellement leur inhumation.

Le 19 juillet les propriétés confisquées de la famille impériale sont nationalisées. Le même jour, le Conseil des commissaires du peuple a annoncé l’exécution du tsar

Ce n’est qu’en 1991 que les corps des membres de la famille ont été trouvés, sauf pour les corps d’Alexeï et d’Anastasia qui ont été trouvés en 2007. Les corps trouvés en 1991 ont été enterrés avec les honneurs dans la chapelle Sainte-Catherine de la Cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg.

15 août 2000 est la date qui marque la canonisation des Romanov pour de la modestie, de la patience, et de l’humilité. C’est ainsi que se termine le destin de la famille impériale. Le premier chef d’État russe qui a été élu au suffrage universel direct, Boris Nikolaïevitch Eltsine, considère que l’assassinat des Romanov est la plus honteuse partie de l’histoire de Russie.

Les derniers tsars – NETFLIX

Si cet article a suscité votre intérêt et si vous voulez en apprendre davantage sur le tsar Nicolas II, la Russie en pleine période de changement politique, vous pouvez regarder la série créée par Netflix. Les plus importants moments des Romanov peuvent être découverts à travers le documentaire Les derniers tsars. La série formée de six parties présente à la fois les moments-clé de cette histoire tragique et les opinions des historiens sur le destin de la famille et la prise du pouvoir des bolchéviques.

Si vous êtes intéressés par l’histoire universelle, nous vous invitons à consulter notre article sur Cléopâtre, la reine fascinante d’Égypte !

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Vous pouvez également lire cet article en roumain.

Sources :

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